Limoges : Augustoritorum [Lemovicum], capitale des Lemovices, sur la Vienne, citée dans l'itinéraire d'Antonin et la table de Peutinger comme une des étapes importantes sur la voie romaine allant de Saintes à Sens. Dans les copies les plus récentes de la carte, le nom de la ville est abrégé en Ausrito.
Lemovic ou Lemonum, oppidum et capitale des Lemovices, construit en terrasse au-dessus de la rive droite de la Vienne, était situé à 2 km en aval d'Augustoritum, qui est une ville créée de toutes pièces à la gloire d'Auguste, donc datant probablement de peu après la conquête romaine, siège à partir du III° siècle de l'évêché de Lemovicensis.
Augustoritum était construit dans une plaine inclinée qui porte aujourd'hui le faubourg Saint-Martial. Au moment des invasions barbares, la ville d'Augustoritum reçut une enceinte fortifiée qui entourait la basilique saint-Etienne et dont le tracé est encore visible dans les rues circulaires du centre.
Ratiastum, autre ville lémovice, était également située à peu de distance de la ville actuelle de Limoges.
Le second millénaire 994
Vers l'an 1000, les 3 pouvoirs en place à Limoges (vicomte, abbé et évêque) se retrouveront sous la coupelle d'une seule famille (la lignée des Guillaume) permettant une politique cohérente de la ville. Limoges connaîtra alors le "mal des ardents", une terrible épidémie due à l'ergot de seigles qui tuera des gens par milliers à travers toute la France. Seule, l'exposition des reliques de St Martial à travers la ville, calmera la population. Adémar de Chabanne décrira dans des écrits cette période difficile :
...En ces jours-là, le feu de la peste s'alluma sur les Limousins ; en effet, les corps des hommes et des femmes étaient dévorés par ce feu en nombre incalculable et partout les gémissements emplissaient le pays. Geoffroy, l'abbé de Saint-Martial, et l'évêque Hildun, d'accord avec le duc Guillaume, édictèrent pour le Limousin un jeûne de trois jours. C'est alors que tous les évêques d'Aquitaine se réunirent à Limoges et les corps et les reliques des saints furent apportés solennellement de partout ; et le corps de Saint-Martial, patron de la Gaule, fut relevé de son tombeau, à la grande joie de tous, et toute maladie s'arrêta en tout lieu. Et un pacte de paix et justice fut conclu par accord du duc et des grands...
En 1105, le vicomte Adémar fera incendier la cité par les gens du château, mais sous la pression des évêques il sera condamné à réparer les dommages entraînant la reconstruction de la cathédrale.
A la mort de Louis VI, son fils Louis VII marié à Aliénor d'Aquitaine reprend le pouvoir. En la répudiant, il perd cette province et le Limousin passera sous la coupelle anglaise quand celle-ci se remariera avec Henri Plantagenêt (Henri II , roi d'Angleterre).
1200
La période qui suivit, connaîtra de nombreux conflits entre les Plantagenêts (anglais) et les Capétiens (français). Une fois ces conflits passés, la ville connaît à nouveau un essor et une expansion remarquables. Dans les deux camps, on reconstruit des remparts et l'intérieur des cités connaît de profondes restructurations.
Le traité de 1256 met fin une fois pour toutes au conflit Plantagenets - Capétiens et le diocèse du Limousin est cédé officiellement aux Anglais par Louis IX. Les bourgeois ayant un pouvoir certain, les Anglais soutiennent le consulat du château, mais le roi de France et ses successeurs Philippe III et IV (Philippe le bel ) continueront à soutenir les pouvoirs locaux (vicomte et évêque), ce qui conduit inévitablement à une guerre civile qui durera 15 ans. En 1276, le vicomte obtient gain de cause et le consulat démantelé retourne sous la coupe du roi de France.
1761
En 1761, Turgot relance l'économie de la ville en favorisant le développement de manufactures de textiles, papiers et cuirs. Peu de temps après, en 1765, un gisement de kaolin sera découvert à Saint Yrieix la Perche, entraînant l'explosion économique de Limoges autour d' un nouveau pôle d'activité : la porcelaine. En 1792, les deux cités sont réunies définitivement dans la commune de Limoges.
Sur les bords de la Vienne, le port du Naveix, qui réceptionnait par flottaison le bois des forêts avoisinantes, sera vite entouré par de nombreuses fabriques de porcelaine et émaux qui utilisent ce combustible dans leurs fours de cuisson. Le four des Casseaux qui est resté en activité jusqu'en 1960, est un exemple de ces fabriques encore debout aujourd'hui.
En 1890, les peintres décorateurs de porcelaine seront à l'origine des premiers mouvements ouvriers conduisant à la création de la C.G.T. en 1895.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Limoges deviendra la capitale du maquis. Sa libération de la joute allemande sera accomplie sans effusion de sang par 20 000 partisans de la liberté mais, dans toute la région, le tribut payé par la résistance durant cette période fut très lourd. La terrible histoire d'Oradour sur Glane sera tellement marquante que tout restera en place dans l'enceinte du village martyr. Un mémorial à été bâti pour que jamais l'humanité n'oublie.
St Martial à Limoges :
Le déclin de l'empire romain et les invasions nordiques précipitent la chute d'Augustoritum. La ville se désertifie peu à peu à l'exception du quartier de la cité, où la cathédrale St Etienne est construite, et qui s'entoure de fortifications, à l'initiative des évêques alors en place. C'est également à cette époque (300) qu'arrive Martialis (St Martial) qui contribuera au développement des premiers édifices religieux chrétiens de la ville (extra cité): St Pierre du Queyroix. St martial meurt à Limoges et sa sépulture devient peu à peu un lieu de culte et de pèlerinage.
Les trois pouvoirs :
Après une période de flottement, Limoges passe sous dominance du lignage de Poitiers. Un vicomte résidera alors en permanence à Limoges, dans une tour construite sur une motte castrale, fortifiée et entourée d'un fossé, à l'emplacement de l'actuelle place de la motte.
Pendant ce temps, la Cité continue à se développer et à s'étoffer sous l'impulsion des évêques successifs (Turpion :900-944, Elbes 944-969 etc...). L'enceinte est agrandie, englobant le monastère de la règle.
Le château connaît lui aussi une extension. Devant l'essor du tombeau de St Martial, les moines décident de construire un enclos fortifié (975). Cette période sera également riche en recherches liturgiques diverses (tropes).
La Bipolarisation de Limoges
Le château se développe et s'agrandit. Il intègre dans un premier temps la tour vicomtale et l'église St Michel, puis le quartier au nord de la motte. Devant le pèlerinage grandissant, l'abbaye St Martial et l'église St Sauveur subissent d'importants réaménagements.
La Cité de son coté est en prise avec le pouvoir du Vicomte. Celui ci ira même jusqu'à la faire incendier par les gens du château en 1105 ! Finalement les évêques obtiennent raison, le pôle épiscopal retrouve son indépendance et Adémar est condamné à réparer ses ravages. La cathédrale est reconstruite.
Sur le plan politique, dès 1938, le Limousin est sous dominance royale, Aliénor d'Aquitaine ayant épousé Louis VII (fils du Roi Louis VI en place). A la mort du Roi, Louis VII prend le pouvoir mais en 1152 il répudie sa femme perdant du même coup l'aquitaine. Le Limousin passe sous mouvance anglaise.
Sur un plan interne les rivalités évêque vicomte raniment le conflit Cité Château.
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